On marche sur la tête! Cette année, rien n’est comme d’habitude. Début septembre, il faisait un froid de canard, les nuits étaient à moins de 10° et on allumait le chauffage. Tandis que nous nourrissions nos protégés, nous jetions des regards de plus en plus inquiets sur les caisses où se trouvaient environ cent cinquante martinets. Pas d’amélioration en vue, donc pas de relâchers! Ce n’était jamais arrivé! Je décidai d’agir et réservai un vol pour les Canaries. Plus de trente oiseaux étaient aptes à partir, mais je ne pouvais en emmener que quinze au maximum. Nous avons choisi les plus agités et les plus délicats d’entre eux. Pour les poids lourds, il y aurait peut-être encore un créneau depuis Francfort.
Le 22 septembre, je retrouve ma colline, en face de la Montana de Tindaya. Andrea et Pancho, mes amis et fidèles guetteurs, sont malheureusement en vacances. Je suis seule avec mes martinets. L’angoisse m’étreint, mais les oiseaux n’ont qu’une idée en tête: partir! L’un après l’autre, ils s’élèvent à toute vitesse dans la chaleur et la poussière. Ils sont secoués par de fortes rafales de vent, mais parviennent à en tirer parti : Léon, Max, Jocelyn, Cebrián, Topas, Marvel, Edwyn, Cornicelius, Alekto, Thorin, Samweis, Franziskus, Pelle, Floreal et Mariko! Le paysage accidenté les dérobe rapidement à ma vue, et le ciel est de nouveau désert. Tout est allé tellement vite que ça me semble irréel…Autant en emporte le vent!
En montant dans l’avion le lendemain, j’ai le sentiment que tout cela n’était qu’un rêve. Étais-je vraiment là-bas …?
Je me pose la même question lorsque, trois jours plus tard, je me trouve dans une rue de Francfort, par une belle journée ensoleillée, en train de relâcher tout un groupe de martinets. Les températures nocturnes sont peu à peu remontées et dépassent les 10°, les journées sont plus chaudes et les insectes sont revenus. Bref, tous les éléments sont réunis!
Le 25 septembre, les juvéniles Donatus, Silence, Orfeo, Maírie, Loriot et Perseus retrouvent donc la liberté, tandis que leurs camarades Turmalin, Moria, Stanley, Luke Skywalker, Muriel, Frieda et Auriol, notre pot de colle, sont relâchés le lendemain.
C’étaient probablement les deux derniers départs de l’année depuis l’Allemagne. Nos autres pensionnaires rejoindront le sud en avion. Je regarde déjà pour les prochains vols, mais en raison des vacances de la Toussaint, les prix ont grimpé en flèche. Enfin, on trouvera bien quelque chose…
À bientôt - à Fuerteventura!