Le voilà de nouveau libre, ce vaillant petit oiseau, qu’une atteinte perfide à sa vie (et à ses plumes) n’a pas réussi à abattre ! Fraîchement greffé, ce martinet originaire de la Saare qui, il y a quelques jours encore, était plus mort que vif et engoncé dans un carcan de mousse durcie, a retrouvé le ciel de mai. Tout est bien qui finit bien, donc ? Oui, dans une certaine mesure seulement. Car lorsqu’il sera revenu à son nid, il découvrira que ce dernier a été bouché par de la mousse expansive, devenue dure comme du béton. En vain, il essaiera d’y pénétrer, et inlassablement, renouvellera ses tentatives.
Samuel ignore qu’il vit une partie de l’année dans un pays dont certaines lois sont bafouées. Voici le commentaire lapidaire du service chargé - en théorie - de veiller à la préservation des nids d’espèces protégées: « Cet oiseau est en sécurité au centre de soins pour martinets, il n’est donc pas nécessaire de rouvrir l’accès à son nid ». Face un tel raisonnement, les bras m’en tombent. Et la loi, dans tout ça? Cette affaire n’est pas terminée, mais pour Samuel, il est trop tard: il ne nichera pas cette année.
Un détail savoureux: le service urgence animaux de la Saare, qui nous a confié Samuel et qui s’est mobilisé en faveur de la réouverture du nid – pour vérifier notamment s’il n’y avait pas un adulte emmuré vivant – s’est vu interdire l’accès au chantier. Les activités en lien avec la protection de la nature et des animaux ne sont pas les bienvenues.
L’Allemagne serait-elle devenue une république bananière? Quand je plonge mon regard dans celui de ce magnifique oiseau, un profond sentiment de honte m’envahit.