Travaux de toitures, d’isolation, remises en état et rénovations - les atteintes aux martinets et aux autres oiseaux qui nichent dans les bâtiments ne connaissent pas de limites. Parfois, il y a tout de même de petites victoires: elles montrent que l’implication de chacun peut être payante. Gardons les yeux ouverts et faisons preuve de courage civique!
C’est ainsi qu’une riveraine attentive nous a signalé un échafaudage contre une maison autour duquel plusieurs martinets ne cessaient de voler. Cette maison se trouvant à Francfort, je me suis rendue sur place dimanche matin. En réalité, de nombreux martinets tournoyaient autour du pâté de maisons, certains volaient tout près. Je ne pouvais toutefois identifier précisément l’endroit qu’ils cherchaient à atteindre, mais au niveau du toit, il y avait des espaces qui me faisaient craindre le pire. Je décidai dans un premier temps d’avertir les services compétents, puis dans un second temps, de revenir sur les lieux le lundi matin afin de monter sur l’échafaudage. Dimanche soir, la riveraine qui m’avait alertée me fit parvenir des vidéos montrant clairement que des martinets adultes tentaient en vain de franchir le filet situé devant l’échafaudage. Le lendemain matin, je retournai sur place et après concertation avec le service de police compétent, je grimpai sur l’échafaudage. Au 5ème étage, juste sous la gouttière, je découvris ce que je cherchais: de très jeunes oisillons qui pépiaient faiblement. Pas étonnant, car cela faisait deux jours qu’ils n’avaient pas mangé!
Il fallait faire vite. Munie d’une caméra endoscopique, je pus explorer le nid. Grâce aux outils dont je disposais, je réussis, non sans mal, à élargir la fente de manière à passer la main. Il me fallut plus d’une heure pour extraire les deux oisillons, qui se cramponnaient au nid. Je mis mon précieux chargement dans un sac en toile de jute que je portais autour du cou et entamai la descente. Arrivée en bas, je sautai dans la voiture et filai à toute allure jusqu’au centre. Avant de recevoir enfin à manger, les deux bébés eurent droit à une injection de produits reconstituants.
À l’heure où j’écris ces lignes, nos oisillons ont bien remonté la pente: ils grandissent, grossissent et se portent à merveille. Nous les avons baptisés Okruszek et Kruszynka, ce qui signifie en polonais « miette » et « nain »! Nous aimerions tellement pouvoir rassurer leurs parents!
En revanche, les oisillons d’une petite colonie de la ville d’Offenbach ont eu moins de chance: les nids où se trouvaient les bébés ont été éliminés sans pitié à l’aide d’un nettoyeur haute pression. Prévenus par un riverain, nous avons informé la police, qui est aussitôt arrivée sur les lieux. Trois nids ont pu être récupérés… L’arrêt des travaux a été ordonné, l’échafaudage, démonté. Les adultes peuvent de nouveau s’occuper de leurs petits – ou plutôt, de ceux qui ont survécu.
Nous appelons chacun d’entre vous à la vigilance: lorsque vous passez devant des maisons ou des immeubles avec échafaudage, prenez le temps de regarder l’attitude des martinets qui se trouvent dans les parages! Et prévenez si nécessaire le service départemental de l’ONCFS (www.oncfs.gouv.fr). Cliquez sur « Choisissez votre région » sur le côté gauche de la page, puis consultez la liste des services départementaux en bas de la page, à droite.