Mardi 19 janvier, à midi. Depuis que dans la nuit de dimanche à lundi, nos douze candidats au départ avaient été retirés de leurs caisses douillettes et chaudes pour être installés dans la caisse de voyage, ils attendaient la suite des événements avec quelque appréhension. Le bruit, le mouvement, l’agitation, les contrôles à l’aéroport, les transferts et les vérifications d’usage, le voyage lui-même, en avion d’abord, puis dans une voiture de location, la découverte d’un lieu nouveau, des caisses exiguës…Tout cela était inhabituel et certainement angoissant pour les jeunes adultes tels que Cliff (originaire de Cham), Joey (originaire de Gênes –Italie), Ciprian (originaire de Livourne – Italie), Keira (originaire de Berlin), Maly (originaire de Cracovie –Pologne), et pour les juvéniles tels que Ainare (originaire de Bucarest –Roumanie), Eragon (originaire de Frankenthal), Kantorka (originaire d’Offenbach), Peppa (originaire de Francfort), Iarlan (originaire de Neu-Isenburg), Ginger (originaire de Gießen) et Quentin (originaire de St.Wendel)!
Mais lorsque mardi midi, nous arrivâmes sur le site de relâcher (le nouveau, cette fois) et que nos protégés virent le ciel bleu, sentirent la chaleur du soleil et le vent léger, leur excitation ne connut plus de limites. L’un après l’autre, ils quittèrent ma main sans aucune hésitation avant de s’élever dans les airs. Nombre d’entre eux nous offrirent un spectacle à couper le souffle. Ils ne volaient pas que pour eux-mêmes - on le sentait bien ! -, ils volaient aussi pour leurs camarades dont ils portaient les plumes, et pour leurs amis. Le petit Iarlan par exemple doit la liberté à Celeste qui, malheureusement, dut être euthanasiée il y a quelques semaines. Celeste elle-même avait reçu plusieurs plumes d’un juvénile nommé Angel. Quand on porte les plumes de Celeste et d’Angel, comment ne pas se sentir chez soi dans le vaste ciel ?! Une nouvelle vie commence pour nos douze martinets ! Celeste et les autres ne sont pas morts pour rien, car leurs plumes ont redonné la possibilité d’une vraie vie à certains de leurs camarades.
Qui sait si Kantorka n’a pas retrouvé dans le ciel son compagnon Gabriel, relâché il y a trois semaines à Fuerteventura… ?