Personne ne s’y attendait aussi tôt. Le lundi de Pâques, en fin d’après-midi, le téléphone sonna. Au bout du fil, Helga S., de Hungen, avec laquelle nous travaillons depuis de nombreuses années. On venait de lui confier un martinet adulte victime d’un accident. « Il pèse 46 grammes, il a l’air en forme, mais il ne vole pas! ». Nous fîmes en sorte de le récupérer sans délai, car en cas d’accident, le temps presse: si l’oiseau est blessé, il faut agir au plus vite. Roland B., l’un de nos fidèles récupérateurs, se mit en route sur-le-champ.
Notre « vrai » premier martinet de la saison arriva donc à Francfort dans la soirée. Un magnifique oiseau, de belle taille, mais un peu groggy. Avec appréhension, nous examinâmes les ailes, puis l’ensemble du corps. Dieu merci, aucune blessure n’était à signaler ! La collision avait dû être légère. Cependant, même dans un tel cas, une période de convalescence plus ou moins longue est nécessaire.
Ce splendide martinet de Pâques fut baptisé Augusto, en souvenir de notre petit martinet pâle espagnol de la saison 2013, qui ne put remonter la pente et fut euthanasié la veille de Noël. En portant le nom de notre défunt pensionnaire, cet oiseau grand et fort fera revivre sa mémoire aux quatre coins du ciel – du moins, nous l’espérons!
Atone et apathique à son arrivée, Augusto se remit très vite. Le calme lui fit beaucoup de bien et l’aida à retrouver ses esprits. Puis il devint très nerveux et commença à faire du vacarme dans sa caisse. Ce n’est pas un hasard s’il avait quitté l’Afrique dans les premiers: il voulait rejoindre son nid au plus vite – les places sont chères! – et commencer à nicher sans tarder. Ce repos forcé tombait on ne peut plus mal.
Dès le deuxième jour, il se montra si agité qu’il eut droit à une séance de rééducation. Son vol était sûr et aisé. Le troisième jour, en milieu de journée, le grand moment arriva enfin: il fut relâché depuis la fenêtre du centre de soins et prit rapidement de l’altitude. Nous étions un peu inquiets: aucun autre martinet à l’horizon, il était absolument le seul de son espèce dans le ciel. Maintenant, nous attendons ses congénères. Reste une question pour le moins préoccupante: les pertes énormes dues aux conditions météorologiques désastreuses du printemps dernier auront-elles entraîné un effondrement des effectifs?...
