Il a été trouvé aujourd’hui à Francfort, dans un état pitoyable. Découvert dans la rue par deux jeunes hommes, il nous a été apporté sans délai. Il ne fait aucun doute que cet oiseau est resté longtemps en captivité qu’il a été nourri de manière totalement inadaptée, et qu’il a été « relâché (!) » : affaibli à l’extrême, très maigre – 28 grammes - , les plumes complètement collées, sales, dégageant une odeur nauséabonde, et bien sûr, incapable de voler…
La personne qui l’a pris en charge dirait peut-être qu’elle s’est « donné du mal » ; soit, mais elle n’a pas dû faire beaucoup de recherches pour déterminer de quelle espèce d’oiseau il s’agissait et de quelle manière l’élever! À l’heure d’Internet, c’est pour le moins curieux…idem pour un autre juvénile, que nous avons accueilli aujourd’hui également : pris pour un jeune pigeon, il a été nourri - ou plutôt, torturé - pendant trois longues semaines avec de l’œuf et du pain à toast! (Disons-le au passage : un jeune pigeon nourri de la sorte n’aurait pas plus de chances de s’en sortir !).
Je le sais, on va encore nous reprocher d’être trop durs envers les découvreurs, qui, pour la plupart, sont animés des meilleures intentions…TANT PIS !!! Comment faire preuve d’indulgence, alors que les informations concernant l’élevage des martinets sont accessibles à tous ? On ne fait pas n’importe quoi avec un animal, ce n’est pas un jouet ! Agir ainsi, c’est faire souffrir et détruire une vie. Les bonnes intentions ne donnent pas toujours lieu à de bons agissements, et élever un oiseau aussi exigeant que le martinet, ce n’est pas lui fourrer dans le bec des restes de repas et des purées de céréales – pour ensuite, l’abandonner à son triste sort.
Amorphe et sans entrain, Huckleberry - tel est le prénom que nous lui avons donné -, se trouve sur un tapis chauffant et reçoit régulièrement des injections de produits reconstituants. Il a pu avaler quelques grillons, mais nous ne savons pas s’il survivra. Le pronostic est mauvais. Même s’il ne doit pas s’en sortir, nous aurons la consolation de savoir qu’il aura terminé ses jours en sécurité et qu’il ne sera pas mort dehors.