Malte est de retour chez nous. C’est dans la soirée du 10 juin que nous avons appris la terrible nouvelle: Malte a été de nouveau trouvé au sol, dans la même rue que la première fois, méconnaissable tant son plumage est souillé par ce produit de malheur qui, selon les déclarations mensongères du fabricant, serait sans danger pour les oiseaux. Il me semble que les photos parlent d’elles-mêmes…
C’est presque un miracle que Malte soit encore en vie et qu’il ait été découvert une deuxième fois. Apparemment, le retrait des dispositifs mis en place sur l’immeuble où Malte et plusieurs de ses congénères avaient élu domicile pour y nicher a été fait à la légère - ou avec l’intention de nuire. Les souillures de son plumage fraîchement greffé ont transformé le pauvre martinet en une petite chose pitoyable et pourraient laisser penser que le produit avait été pulvérisé aussi à l’intérieur du site de nidification, où il aurait été laissé - à notre avis - intentionnellement. Seules les zones visibles ont été nettoyées. Présent lors du retrait des dispositifs, l’agent technique de l’office de l’environnement n’a pas pu vérifier les trous d’envol, car d’après le responsable de l’opération, la nacelle ne pouvait accueillir « qu’une seule personne ».
Nous nous interrogeons sur les suites à donner à cette affaire et vous tiendrons au courant dès qu’il y aura du nouveau. La priorité des priorités est de désamorcer les pièges mortels que sont devenus, en raison de la cruauté de l’homme, certains sites de nidification de martinets, censés pourtant être protégés par la loi fédérale de l’environnement. Il faut que les responsables répondent de leurs actes et soient punis. Nous essaierons en outre de traduire en justice le fabricant de ce terrible répulsif, dont les effets sont plus dévastateurs que les pièges à la glu utilisés par les braconniers des pays du Sud, et de le faire retirer du marché. Les personnes qui produisent et vendent de telles horreurs, tout comme celles qui les utilisent, sont des criminels et se rendent coupables d’une manière inexcusable envers nos amis ailés. Le nombre de victimes est inimaginable. Et ce funeste produit reste actif pendant une très longue période et fait chaque année de nouvelles victimes.
Malte offre une image désolante. Et nous ne pouvons plus l’aider, car la greffe de plumes ne peut avoir lieu qu’une seule fois. De toute façon, à quoi cela servirait-il, tant que le bâtiment où il niche constitue un piège mortel ? Et même si tel n’était plus le cas, Malte devrait passer de longs mois en captivité afin que son plumage effectue une mue complète. Une torture pour un oiseau libre et sauvage comme un martinet. Nous ignorons s’il supportera. Peut-être n’aurons-nous d’autre choix que d’euthanasier cette splendide créature qui voulait simplement vivre, couver, élever ses petits. Et habiter le ciel, où les martinets se font de plus en plus rares…