Après deux décennies et des milliers de martinets, certains accidents restent une énigme, même pour le docteur Haupt. Prenons le cas de Luise, trouvée au zoo de Francfort : la totalité de ses rémiges et rectrices sont arrachées, les rachis semblent avoir été broyés au mortier, et certains sont même fendus jusqu’à la base. La cause ? Inconnue. C’est presque un miracle que les tissus n’aient pas été lésés. Il est clair cependant que dans telles conditions, la mise en place de nouvelles plumes sera difficile. Toutefois, Luise bénéficiera de la longue expérience en la matière de Christiane Haupt.
Malheureusement, il est parfois difficile, voire impossible d’apporter de l’aide. Que dire en effet à ces deux habitants de Tachkent, qui élèvent des insectes pour nourrir les martinets en détresse, mais qui n’ont à leur disposition ni vétérinaire compétent, ni médicaments ? Dans ces conditions, les oiseaux blessés ont très peu de chances de s’en sortir.
Revenons en Allemagne, où certains événements nous feraient presque perdre notre sang-froid : l’histoire se terminait plutôt bien pour ce martinet d’Essen, coincé par une patte à 13 mètres de haut et délivré par les pompiers, qui, durant toute l’opération, firent preuve d’un grand courage et d’une belle ténacité. Après avoir été récupéré, l’oiseau fut apporté à une clinique vétérinaire locale, où il fut euthanasié sur-le-champ. Motif : il avait la patte cassée !!! Ce geste est d’autant plus regrettable et incompréhensible qu’une fracture de la patte n’est pas une indication d’euthanasie chez le martinet. Même si la fracture ne peut être réduite ni de manière conservative, ni de manière chirurgicale, on peut toujours recourir à l’amputation. Il est prouvé en effet que les martinets peuvent vivre avec une seule patte.
De plus, nous avions proposé de recueillir ce martinet, et le centre de protection de la nature d’Essen était prêt à organiser, avec un centre de soins local, le transfert de l’oiseau. Trop tard ! Les conséquences de cette euthanasie injustifiée risquent d’être d’autant plus graves qu’aux dires de certains habitants de l’immeuble, cet oiseau était en charge d’une nichée. Le parent restant aura certainement beaucoup de mal à assurer le nourrissage à lui tout seul, et la survie de la couvée est fortement compromise.