Dans la caisse de soins intensifs où règne une douce chaleur, Gallina lutte pour conserver la dernière étincelle de vie qui anime son petit corps décharné. Découvert il y a deux jours dans un quartier de Francfort, il était glacé, trempé, à l’article de la mort, et il affichait un poids de 28 gr (au lieu des 42-45 gr qu’il devrait peser normalement). Gallina n’est qu’un des nombreux martinets tardifs qui, en raison des températures actuelles, ne trouvent plus d’insectes et s’échouent au sol, à bout de forces, condamnés à mourir de faim s’ils ne sont pas découverts à temps. Parmi eux se trouvent des juvéniles dont les parents ont entamé leur migration ou ont été victimes de prédateurs ou d’accidents, et d’autres qui ont été peut-être pris en charge par leurs parents jusqu’à leur envol et qui n’ont pas réussi à se nourrir en raison des températures, très basses pour la saison. Avec moins de 10° la nuit et moins de 20° la journée pendant plusieurs jours d’affilée, les insectes volants disparaissent. La route vers le sud s’apparente alors à un chemin vers la mort…
Certains d’entre eux auront eu la chance d’avoir été trouvés à temps et remis entre des mains expertes. Chez nous, comme dans d’autres centres de soins, de nombreux martinets en âge de s’envoler attendent une solution pour pouvoir partir. Soit le temps s’améliore de manière radicale dans les deux semaines à venir, auquel cas ils peuvent être relâchés, soit ils seront transférés vers le sud par avion, lors de l’un des nombreux voyages que nous effectuerons cet hiver.
Le nombre d’oiseaux que nous pouvons emmener à chaque voyage est toutefois limité et l’organisation de ces transferts avec cent quarante pensionnaires en soins s’apparente à la quadrature du cercle. De plus, les frais sont énormes. Si vous souhaitez contribuer à l’achat des billets, n’hésitez pas ! Chaque don, quel qu’il soit, sera le bienvenu ! Le premier transfert vers les Canaries a lieu dès cette semaine. Le choix est difficile, car nous ne pouvons emmener plus de quinze oiseaux à la fois. Or ils sont environ trente-cinq à pouvoir partir et à s’impatienter dans leurs caisses. Nous espérons de tout cœur que le ciel va se montrer clément et qu’il accordera sans délai deux semaines de beau temps et de chaleur à nos petits protégés.