Derrière cet échafaudage dressé contre la façade de l’agence pour l’emploi de Francfort-sur-le-Main, se trouvent plusieurs nids de martinets avec des bébés à l’intérieur. Cet échafaudage fut monté le 17 juin, malgré la mobilisation d’une employée de l’agence très investie dans la protection de l’environnement, qui a passé d’innombrables appels téléphoniques pour signaler la présence de nids de martinets. Le monteur d’échafaudages était au courant, lui aussi ! Les oisillons ont donc été enfermés EN TOUTE CONNAISSANCE DE CAUSE!
Après des heures passées à téléphoner à droite, à gauche et sans résultat, j’ai décidé, le soir venu, d’aller voir sur place. J’ai trouvé trois nids, mais je savais qu’il y en avait plus. Affamés, les oisillons ne cessaient de piailler. Les parents, désespérés, volaient sans discontinuer autour de l’échafaudage, mais ils ne pouvaient accéder aux nids. D’autres adultes tournoyaient eux aussi autour de l’échafaudage, mais la nuit commençait à tomber, m’empêchant de poursuivre mes recherches. J’entendais les bébés piailler, mais je ne pouvais les atteindre: la fente située entre la façade en pierre et les supports en béton était trop étroite.
J’informai les pompiers et la police. Ils se rendirent sur les lieux, mais ne purent intervenir, car il faisait nuit. Après de longues discussions et sur mon insistance, la police déclara qu’une plainte serait déposée contre la ville, avec obligation de démonter l’échafaudage dans les plus brefs délais. Une excellente chose...mais ces démarches seraient-elles faites à temps pour sauver les bébés? On était vendredi, à la veille du week-end! Et les oisillons étaient sans nourriture et privés de la chaleur de leurs parents depuis le jeudi après-midi! Ils ne passeraient pas le week-end, car ils étaient encore trop petits.

Je voyais nos oisillons du centre, rassasiés et bien au chaud dans leur nid, et je pensais à leurs pauvres camarades, seuls et affamés, derrière ce maudit échafaudage. Et dire qu’il y en tant d’autres qui payeront de leur vie la réfection d’une façade ou d’un toit. C’est à pleurer…

SUIVI DES OPÉRATIONS:
1.: La plainte a été déposée, la police s’occupe du dossier, le service de l’environnement de la ville de Francfort est à pied d’œuvre. Le monteur d’échafaudages écopera d’une amende dont le montant sera fonction du nombre d’oiseaux morts ! Il nous a donc fait savoir que l’échafaudage serait démonté au plus vite. Espérons que ce ne sera pas trop tard pour les oisillons!

2. : Sur les quatre ouvriers censés effectuer le démontage, deux seulement sont visibles: l’un flâne sous l’échafaudage en fumant, tandis que l’autre s’est mis au travail, mais sans entrain…OR LE TEMPS PRESSE! C’est à devenir fou…Nouveau coup de fil à l’entreprise pour que les ouvriers accélèrent la manœuvre.

3. :Dix-sept heures passées, l’échafaudage est ENFIN démonté! Deux nids sont déjà visités par des adultes. Ce soir, nos bénévoles se rendront sur place afin de s’assurer que les adultes ont bien retrouvé leur nid.

4. : D’après ce qu’ils ont pu voir, tous les nids sont à nouveau visités par les adultes. Un très grand merci à toutes les personnes qui m’ont prêté main forte! Espérons que tous les oisillons auront survécu, qu’aucun adulte ne se sera blessé en tentant d’accéder à son nid, et que les nichées pourront être menées à leur terme, cette fois sans encombre.