Chers amis des martinets,
Cette année fut celle des drôles d’aventures. À tel point qu’on aurait pu croire que le baron Münchhausen s’était invité au centre de soins. Il n’en fut rien, pourtant, chaque histoire qui suit est vraie!
Le juvénile Bunny se retrouva enlacé par deux escargots qui s’étaient introduits dans sa caisse. Quel choc ce fut pour sa découvreuse lorsqu’elle aperçut la scène! Rarement nous vîmes un martinet dans un tel état, et le nettoyage de ses plumes ne fut pas une mince affaire. Le juvénile Hadrian, lui, tomba dans de la résine – allez savoir comment! – et s’enduisit tout le corps, depuis les pattes jusqu’à la tête. Pour le libérer de ce liquide poisseux, nous n’eûmes d’autre choix que de le dépouiller d’une grande partie de ses plumes. L’adulte Xander, originaire de Dresde, trouva le moyen de se tartiner de goudron. Son plumage était parsemé de grosses boulettes noires: un vrai désastre! Originaire de Freudenstadt, Llewelyn s’échoua dans un attrape-mouches à la glu. Là encore, ce n’était pas beau à voir. Seule la mue le tira de ce mauvais pas! Quant à Wakanda, originaire de Berlin, elle fut touchée, non par la grâce, mais par un éclair, comme le laissent penser ses lésions! Elle survécut, mais ses rémiges et ses rectrices semblaient avoir fondu, et la corne de son bec, ainsi que ses doigts, étaient sérieusement endommagés. Tandis que les autres « rescapés de l’impossible » ont retrouvé la liberté depuis longtemps, Wakanda panse encore ses énigmatiques blessures. Le pronostic est bon! La corne de son bec se régénère et elle peut de nouveau se servir de ses pieds pour s’agripper. Le jeune Xander barbota plusieurs jours dans le fond d’eau croupie d’un grand vase, avant d’être secouru. La liste des lieux de découverte insolites n’est pas exhaustive: dans une buanderie, sous un container à ordures, sur un bureau, dans un salon de coiffure… Il y eut aussi l’adulte Léonie, qui se retrouva coincée dans une gaine d’aération et lutta pendant des jours, jusqu’à ce que les riverains, alertés par les bruits, remuent ciel et terre pour la sortir de là. Et ces deux oisillons piégés dans un tuyau d’écoulement, qui piaillaient à fendre l’âme pour avertir de leur présence, et qui doivent leur salut à des amoureux des oiseaux contraints de percer le tuyau pour les secourir.
Cette année encore, il y eut des histoires poignantes, belles, tristes. Rires et larmes se côtoyaient en permanence. Ainsi, tandis que notre star Woody, dont le parcours mouvementé nous tint en haleine une année durant, effectuait un départ qui nous combla de joie, la douce Yentl, que nous aimions aussi beaucoup, nous fut rapportée grièvement blessée, peu après avoir été relâchée: elle venait de percuter une grue et mourut dans les heures qui suivirent…
Nous sommes emplis de colère et d’amertume lorsque nous voyons des colonies de martinets détruites lors de travaux de toitures, sans aucun respect pour la vie des animaux concernés et au mépris de la loi. Selon cette dernière en effet, le martinet est une espèce protégée. Malheureusement, sa mise en pratique est rare, et c’est ainsi que d’innombrables bébés martinets finissent dans des gravats de chantier ou derrière des échafaudages, et que de nombreux adultes se retrouvent privés de leur nid et de leur couvée. De temps à autre, des ouvriers sont pris de pitié à la vue des oisillons et prennent contact avec nous. Souvent traumatisés, ces bébés devenus orphelins sont élevés par nos soins ou transférés dans des centres partenaires. Pour les adultes désespérés qui cherchent leur nid en vain, parfois se blessent ou volent jusqu’à mourir d’épuisement, nous ne pouvons rien faire. Il faut absolument que l’État impose des directives sévères visant à protéger les nichées en cas de travaux!
Pendant ce temps, notre réseau européen de soigneurs et de partenaires s’étend et compte des structures d’accueil en Autriche, en Suisse, en Italie, en France, en Espagne, en Roumanie, en Pologne…et même en Ouzbékistan! Quant au réseau social Facebook, il a permis le regroupement de plusieurs centres spécialisés disposant d’une grande compétence, et joue un rôle de plus en plus important. Durant l’année 2016, ce réseau a apporté une aide rapide et efficace à un nombre considérable de martinets. Grâce à cette fructueuse collaboration, plus de mille martinets ont été relâchés cette année, dont cinq cent vingt-trois par le centre de soins de Francfort.
Durant l’année, nous avons accueilli en tout près de sept cent martinets. Ces dernières semaines ont eu lieu plusieurs voyages vers les Canaries, au cours desquels cinquante-deux oiseaux ont retrouvé la liberté. Nous comptons encore quatre-vingt-quinze patients. Et d’autres « pensionnaires d’hiver » en soins dans différents centres doivent être transférés chez nous en vue d’une greffe de plumes. Ainsi, le travail se poursuit, non-stop, jours fériés compris.
Nous remercions tous nos membres, nos parrains, nos amis, nos sponsors, nos partenaires et nos bénévoles, avec une mention spéciale pour la fondation Pro Artenvielfalt. Sans vous, nous n’aurions jamais pu sauver autant de martinets. Donnez-nous les moyens de poursuivre notre activité en 2017! Nos amis à plumes, sur lesquels pèsent de nombreuses menaces, ont besoin de votre soutien!
L’équipe du centre de soins de Francfort, tout comme les membres du bureau de la DGfM, vous souhaitent de belles fêtes et une bonne année 2017.