Le champagne - et pas n’importe lequel - était de côté, les délibérations pour le choix d’un prénom digne de l’événement étaient terminées et c’est « Leonor » qui avait été retenu. Le prénom que portait notre mascotte, immortalisée dans le logo de notre association: Leonor l’éternelle!

Puis elle est arrivée. Rendez-vous compte: c’est le douze millième martinet que je tiens entre mes mains depuis ce jour lointain de 1994, où j’ai choisi de me consacrer entièrement à eux, ma « passion immortelle ». L’adulte Leonor a été trouvée en Rhénanie-du-Nord, puis acheminée jusqu’à Francfort par son découvreur. Au téléphone, celui-ci m’avait déclaré qu’elle avait une aile qui cassée, ce qui ne me disait rien de bon.

En réalité, c’est encore bien plus grave que je ne pensais. Le bel oiseau ne pèse plus que 31 grammes. Le radius de son aile droite est à l’air, desséché et nécrosé. La pauvre bête a dû passer plusieurs jours au sol, en proie à d’importantes souffrances, avant d’être découverte.

De la morphine, un bandage sur l’aile, un transfert dans la caisse chauffée, des grillons, de l’eau : Leonor, dont les douleurs commencent à s’estomper, semble revivre. Elle gobe les insectes les uns après les autres et boit sans arrêt. Peu après, Coriolan vient partager sa caisse douillette: trouvé à Miltenberg, en Bavière, cet oiseau ne pèse que 29 grammes et a une épaule complètement bloquée. Les deux compagnons d’infortune se bécotent comme des amoureux et s’endorment aile contre aile. En paix, sans souffrir, protégés. Demain matin, ils rejoindront ensemble le paradis des animaux et s’en iront là où il n’y a ni souffrance ni chagrin et où personne ne leur veut de mal.

Nous débouchons le champagne et levons nos verres pour la douce, l’éternelle Leonor, et pour son compagnon d’un soir.
Fly free forever!

À côté d’eux, les bébés gazouillent…