Nous tairons le nom de cette ville. Car il peut s’agir de n’importe quelle ville. Partout. Et l’histoire de Malte est celle de nombreux martinets, qui, un beau jour, disparaissent du ciel et ne reviennent jamais.
Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi les martinets sont beaucoup moins nombreux qu’avant ? Il y a plusieurs raisons à cela. L’une des plus terribles d’entre elles est la destruction brutale et fréquente de leurs sites de nidification, perpétrée par des « êtres humains » sans scrupules et dépourvus de sensibilité.
Malte a été victime d’une de ces brutes. Il faisait partie des rares chanceux qui possédaient un nid. Jusqu’à ce que quelqu’un se mette à les trouver gênants, ses congénères nicheurs et lui, et décide de les chasser. Définitivement. Il a donc bouché les trous d’envol avec des plaques en tôle - peut-être y avait-il déjà des oiseaux en train de nicher … - et il a enduit les abords des nids d’une épaisse couche de répulsif anti-pigeons, sorte de pâte collante aux effets dévastateurs (voir photos). Pour finir, il a fixé des pointes en fer tout autour des trous d’envol. Tout cela dans le but non pas de chasser ces oiseaux strictement protégés que sont les martinets, mais dans celui de les exterminer de la façon la plus abominable qui soit. La loi de protection des animaux ? Et la loi fédérale de protection de l’environnement ? Les brutes n’en ont cure. Ces lois ne valent même pas le papier sur lequel elles sont imprimées. Partout sont perpétrées des horreurs similaires, et tout le monde s’en fout…/p>
Malte s’est retrouvé piégé en revenant au nid. Sa compagne était peut-être prisonnière à l’intérieur, condamnée à une mort lente et atroce, dans l’endroit même où aurait dû éclore de nouvelles vies. Il a dû essayer d’entrer, puis il a dérapé, glissé le long de la gouttière également recouverte de produit, a frôlé les pointes fatales, puis s’est retrouvé au sol, les ailes toutes engluées. Étourdi par sa chute, il est resté là, puis il a tenté de voleter, de se soulever. Impossible. Ce produit de malheur collait à ses plumes comme une poix visqueuse. Il est parvenu plusieurs fois à s’élever un peu, mais il est systématiquement retombé. Tremblant de fatigue et de peur, il est resté au sol, condamné à un sort abominable qu’il ne pouvait comprendre…
Puis une main l’a sauvé, des heures plus tard. Des heures terribles, marquées par l’angoisse et la peur. Peut-être entendait-il au-dessus de lui les cris de sa compagne emmurée vivante. Il ne la reverra jamais. La main qui l’a sauvé était celle d’une personne bonne et sensible, qui l’a conduit sans délai dans un centre de soins pour oiseaux sauvages. Là-bas, on a tenté de nettoyer son plumage, mais en vain. Quelques jours plus tard, un récupérateur est venu le chercher et l’a emmené chez nous. À cette heure, sa compagne et de nombreux congénères ont dû périr dans cette maison maudite, enfermés dans leurs nids, le plumage détruit, ou empalés sur les pointes en fer. Malte, lui, a survécu.
Nous avons compris rapidement qu’il était inutile de vouloir laver son plumage. Même l’éther n’aurait pu venir à bout de ce produit prétendument « sans danger ». Il fallait pourtant enlever cette substance à tout prix, car Malte en absorbait chaque fois qu’il essayait de se nettoyer. La greffe est apparue comme la seule solution. Malte a donc été rhabillé de neuf au cours d’une opération qui a duré deux heures.
Et maintenant ? Tout est bien qui finit bien ? Absolument pas ! Car Malte s’énerve dans sa caisse. Il veut partir, partir, partir, et rejoindre ses pénates. Il ignore que là-bas, il sera de nouveau pris au piège et que cette fois, il n’y aura probablement pas d’autre miracle.
Nous avons porté plainte auprès de tous les services et autorités compétents. Nous demandons le retrait des dispositifs illégaux qui ont été mis en place, ainsi que la réouverture immédiate des nids situés dans ce bâtiment.
Obtiendrons-nous gain de cause ? Et si oui, quand ? Combien de temps devrons-nous garder Malte dans nos locaux afin de lui épargner une mort certaine ? Nous savons par expérience de quelle manière sont traités dans ce pays les délits contre la loi fédérale de protection de l’environnement et des animaux. Nous avons donc de bonnes raisons de douter que justice soit rendue pour Malte et ses camarades, que les nids soient effectivement rouverts et qu’ils puissent y retourner. Il ne passe pas un jour sans que les droits d’espèces protégées ne soient foulés aux pieds, sans que les lois en vigueur ne soient contournées ou bafouées. Et il n’y a pas d’avocat pour représenter ces pauvres bêtes et défendre leurs droits.
Ils ont été si nombreux à payer de leur vie la cruauté de cette brute…Faudra-t-il que Malte soit la prochaine victime ? Il devient urgent de le libérer, une trop longue claustration pourrait le tuer. Mais nous ne pouvons pas le relâcher, car ce serait le condamner à mort- et à une mort atroce. Malte sera-t-il le prochain martinet à disparaître de notre ciel à jamais…?/p>
Faites quelque chose! Ne fermez plus les yeux ! Dénoncez les personnes qui agissent de la sorte et tenez bon jusqu’à ce que la police et les autorités compétentes aient rempli leur mission!
MISE À JOUR DU 24 MAI 2018 :
Le service de l’environnement a pris contact avec le gestionnaire de l’immeuble. Ordre a été donné de retirer les dispositifs installés abusivement et de rouvrir les accès aux nids. Nous aimerions qu’un membre du service compétent ou de l’association de protection de la nature NABU soit présent lors de la réouverture du site afin de vérifier si des oiseaux morts se trouvent dans les nids. Nous attendons d’être sûrs que cette mise en demeure ait été suivie d’effet, et nous espérons que Malte pourra bientôt rentrer chez lui!