Quiconque a déjà regardé de près un martinet, conviendra que le terme de Apus (du grec, a-pous, c’est-à-dire « dépourvu de pieds ») de même que l’ancienne désignation de l’ordre auquel il appartient, «Machrochires» (du grec makros, « grand » et cheir, « main ») étaient pertinents, en particulier le terme de Machrochires. L’aile se caractérise en effet par de très longues (rémiges primaires), qui sont au nombre de neuf ou dix – 10 chez le martinet noir – et par un ensemble compact formé par des plumes très courtes, les (rémiges secondaires), dont le nombre varie entre huit et onze (7 chez le martinet noir). Chez les oiseaux apparentés aux hirondelles, qui ont développé des caractéristiques similaires en raison du processus de convergence évolutive, la rémige primaire la plus longue fait au maximum le double de la rémige secondaire la plus courte, tandis que chez le martinet, elle peut faire le triple.
L’action conjointe des rémiges primaires et des rémiges secondaires permet une force de propulsion maximale. En outre, les rémiges primaires exercent une force descendante, tandis que les rémiges secondaires ont principalement pour fonction de faire monter l’oiseau dans les airs. Cette spécificité permet aux martinets d’atteindre des vitesses très élevées. Particulièrement longue, l’aile arquée du martinet est bien adaptée au vol battu, mais c’est au vol plané qu’elle se prête le mieux. Ce dernier ne repose pas sur la puissance des muscles pectoraux et se révèle beaucoup moins énergivore que le vol battu : le martinet ou l’art de voler à l’économie!
Le martinet possède 10 rectrices. Chez les oiseaux apparentés aux martinets, la forme de la queue est très variable. Nombre d’entre eux possèdent une queue fourchue, qui peut être très longue et très échancrée. Les salanganes, en revanche, ont une queue à peine fourchue. Quant aux martinets épineux, ils possèdent une queue courte et carrée qui se termine par de fines pointes semblables à des dards.
La plupart des martinets arborent un plumage sombre. Celui du martinet noir adulte semble teinté de brun, et vu de près au soleil, il apparaît bleu-violet ou vert métallique. La gorge est de couleur blanc mat. À sa sortie du nid, l’oisillon est nu. Il faut attendre un peu plus de 3 ou 4 jours avant de voir poindre les premières amorces de duvet. Seuls le dos, la poitrine et les épaules seront recouverts de duvet, lequel finira par disparaître vers le 20-25ème jour, caché sous les plumes. Les calamus des plumes commencent généralement à transpercer la peau dès le 7ème jour et apparaissent le 9ème jour. Ces phénomènes peuvent avoir lieu au maximum 2 jours plus tôt ou 4 jours plus tard suivant les conditions météorologiques et l’abondance de nourriture.À l’âge de 4 semaines, l’oiseau est entièrement emplumé, sauf sur le cou, dont les plumes ne commencent à sortir qu’aux alentours du 25ème jour, pour terminer leur croissance 10 jours plus tard environ (WEITNAUER, 1980). Le plumage des jeunes est plus sombre et plus mat que celui des adultes ; les martinets juvéniles sont gris anthracite, voire presque noirs, le bord de leurs plumes est rehaussé d’un liséré clair qui devient blanc éclatant sur les épaules, le front et la gorge, laquelle est en grande partie blanche.
Fait rare, le centre de soins pour martinets de Francfort a eu l’occasion d’accueillir, en 2003, un martinet presque entièrement blanc. Cet oiseau, un jeune en provenance de la région de Giessen, possédait, à l’exception de certaines zones du cou et de la tête, qui étaient gris-marron, et du bord des plumes, qui était gris clair, un plumage parfaitement blanc. Les yeux et le bec étaient foncés, comme c’est le cas chez les martinets noirs typiques.
Tout comme de nombreuses autres espèces d’oiseaux, le martinet noir peut connaître des variantes albinos. Il n’est pas rare de voir des plumes blanches apparaître çà et là dans le plumage. Quand l’oiseau est en vol, ces particularismes peuvent donner une image d’ensemble trompeuse et créer des confusions avec d’autres espèces de martinets dont le plumage présente des zones blanches, comme le martinet alpin, le martinet cafre, le martinet des maisons et le martinet de Sibérie (TENOVUO, 2003). La littérature ne fait guère mention des martinets noirs albinos. GERBER (1958) rapporte le cas d’un martinet noir juvénile presque volant pourvu d’un plumage uniformément blanc et d’yeux rouges. Cet oiseau, un albinos total, fut retrouvé mort à Leipzig le 4. 9. 1951. Il mentionne également la présence « d’un martinet noir albinos dans la banlieue Sud [de Leipzig]» au printemps 1944 (DATHE, oral.), ainsi que celle d’un martinet partiellement albinos à Sempach (SCHIFFERLI, oral., 1956), et déclare avoir observé en personne un martinet noir partiellement albinos qui fut remis au musée de Leipzig le 4. 8. 1953. Cet oiseau avait la pointe des rectrices blanche, ainsi que la quasi-totalité des rémiges. Les autres cas d’albinisme partiel chez le martinet noir proviennent d’Angleterre (BRITTON, 1979; CATLEY et SHARROCK, 1978).
Mue
D’après les spécialistes, les jeunes martinets noirs ne muent (rémiges primaires et rectrices) qu’au cours de leur deuxième hiver (WEITNAUER, 1947 et 1977). Ils feraient donc trois fois l’aller-retour entre le sud-ouest de l’Afrique et l’Europe avec les mêmes plumes que celles qu’ils avaient au momentoù ils ont quitté le nid ! Durant leur deuxième hiver, ils perdraient donc leurs rémiges de juvénile, atteignant du même coup leur maturité sexuelle, et retourneraient en Europe pour leur deuxième printemps dans leur plumage d’adulte.
Ces affirmations sont contredites par certaines observations effectuées récemment sur des martinets juvéniles contraints de passer l’hiver dans notre centre de soins de Francfort. Nous avons vu ainsi 8 juvéniles, nés en juin, commencer de manière presque simultanée une mue au niveau des rémiges primaires dès la fin du mois de mars de l’année suivante. Début mai, les rémiges 1 à 3 avaient déjà été remplacées. Le fait que la mue des rémiges primaires ait lieu au moment où les adultes rejoignent leurs aires de nidification et commencent à nicher, pourrait signifier que, durant leur première année, les martinets juvéniles ne retournent pas sur leur lieu de naissance, mais restent en Afrique, et n’effectuent leur première migration vers l’Europe qu’au cours de leur deuxième année.
Les 10 rémiges primaires sont remplacées de l’intérieur vers l’extérieur, les 7 rémiges secondaires de l’extérieur vers l’intérieur, tout comme les 10 rectrices (DE ROO 1966). La même plume tombe et repousse sur chacune des ailes de manière symétrique, avec un écart d’un ou deux jours. La repousse complète d’une rémige primaire dure environ 4 semaines. La plume suivante tombe avant même que la plume précédente ait complètement repoussé.
Nous ne prenons en charge que les martinets!
Pour les autres espèces, veuillez vous adresser aux centres de soins des différentes régions: http://ufcs.fr/