Je soupçonne quiconque installe sournoisement et pour des raisons peu avouables des piques anti-pigeons métalliques en des lieux où nichent des oiseaux sauvages autochtones et protégés d’être animé par une envie de tuer ou du moins, de faire du mal en infligeant de graves blessures sans en éprouver le moindre regret. Et c’est contrevenir à la Loi fédérale sur la protection de la nature § 39 (1) 1
Cette loi n’a pas protégé le martinet victime de ces piques le 20 mai 2024 à Darmstadt-Griesheim. En revanche, ce fut de la chance pure si cet oiseau empalé et condamné à mort a été découvert à temps et a pu être sauvé. Il fut opéré à peine arrivé dans nos locaux : un pique lui avait perforé la gorge, un autre avait provoqué une plaie à son aile gauche et un troisième avait endommagé deux rémiges.
Kalyan, comme nous l’avons baptisé, a survécu à ses cruelles blessures et à sa longue intervention. Tandis que ses plaies s’acheminaient lentement vers la guérison et qu’il se remettait peu à peu du grave traumatisme qu’il avait subi, nous ne sommes pas restés les bras croisés : après avoir porté plainte pour infraction à la loi de protection des animaux, nous avons signalé l’affaire auprès de l’autorité compétente en matière de protection de la nature tout en exigeant le retrait immédiat des piques, avant que d’autres oiseaux ne subissent le même sort que Kalyan. La réponse de l’Office de l’environnement de Darmstadt-Griesheim nous laissa sans voix : les piques anti-pigeons seraient légaux, leur installation, autorisée, et comme il s’agissait d’un terrain privé, il n’y aurait aucune raison juridique d’en demander le démontage. Il était simplement regrettable qu’un martinet en ait fait les frais.
Entre-temps, Kalyan se remit complètement et, pourvu de plumes neuves, il retrouva la liberté. Une fois guéri, il se mit à faire du vacarme, supportant mal la captivité, et il nous fut impossible de le garder plus longtemps. Comme son nid se trouve peut-être sur cette maison de la mort, le risque existe que Kalyan - ou un autre oiseau- se retrouve piégé. Et y laisse sa vie. Mais apparemment, c’est légal, dans notre pays.
Je ne peux pas expliquer à Kalyan, qui me regarde de ses yeux vifs et fait preuve d’une irrépressible envie de vivre et de voler, pourquoi des humains cruels et irresponsables installent des pièges dans son espace de vie et sont autorisés à le faire. Je ne peux pas non plus lui expliquer pourquoi les lois qui sont censées le protéger ne valent même pas le papier sur lequel elles sont inscrites. Animée d’une impuissante colère et d’un espoir désespéré, j’ai pu seulement le voir s’élever dans le ciel et s’envoler vers la liberté et le danger…
Les piques anti-pigeons sont en vente libre partout et on en voit partout sur les bâtiments.