Chers membres, chers amis des martinets et chers amis tout court,
À la clinique des martinets, la nouvelle année a débuté par le transfert vers le sud de dix-sept martinets noirs, qui se sont envolés sous un soleil radieux, faisant la joie des personnes présentes, avec leurs acrobaties aériennes et leur rapidité de petites fusées.
Nous avons effectué depuis deux autres transferts, ce qui fait un total, pour le premier trimestre, de cinquante et un martinets relâchés, dont deux alpins. Le nombre de nos pensionnaires s’élève à près de quatre-vingts martinets noirs et deux alpins. En outre, des oiseaux attendent toujours dans d’autres centres de soins d’être transférés chez nous. Des demandes depuis l’étranger arrivent également pour savoir si nous avons des « lits » encore libres. Ces chiffres montrent que les conséquences des canicules et du manque d’insectes sur les martinets juvéniles sont de plus en plus graves. Nous ne baissons pas les bras pour autant! Chaque oiseau qui, depuis notre main levée, prend son envol pour (re)conquérir l’élément qui est le sien, nous donne la force de nous battre afin que ces magnifiques créatures puissent retrouver la liberté.
Comme toujours, nous avons de temps à autres des demandes imprévues. Nous les accueillons, ces braves petits soldats qui, depuis l’été dernier, aidés par leur découvreur, se sont battus courageusement pour infléchir le cours de leur destin. Début janvier, nous sommes contactés au sujet de Masya, originaire de Kiev – notre deuxième « réfugié » ukrainien. Trouvé en août 2022 alors qu’il était en âge de voler, ce martinet présentait des lésions du plumage et des problèmes de motricité. Pendant l’automne et l’hiver, Masya fut nourrie avec des grillons (dans la mesure du possible), reçut des vitamines, des minéraux, et tout était fait pour qu’elle soit dans les meilleures conditions. Cependant, il fallut se rendre à l’évidence: sans l’aide de spécialistes ni rénovation du plumage, Masya ne pourrait pas retrouver la liberté. Le contact entre sa découvreuse et nous put être établi grâce à une de ses parentes, qui vit en Allemagne. Bien sûr que nous étions prêts à accueillir Masya! Mais trouver quelqu’un pour faire le trajet Kiev-Francfort, pas facile! Avec une bonne dose de ténacité, de courage et un sens solide de la débrouillardise, c’est la « nounou » de Masya qui, finalement, s’est mise en route mi-février : Kiev-Varsovie en car, puis Varsovie-Francfort en train, et au terme d’un voyage de quarante-huit heures, l’arrivée à Francfort tard dans la nuit – au moment où les transports publics étaient en grève ! C’est donc en taxi qu’elle se rendit à la clinique, où nous l’attendions avec impatience. Masya était heureuse de sortir enfin de sa caisse de voyage ! Son amie à deux pattes, qui repartit le jour même pour Kiev via Varsovie, ne put retenir ses larmes au moment de la quitter. Toutes les semaines, nous lui envoyons un mail pour la tenir au courant des progrès de sa protégée. Et des progrès, il y en a ! Masya a trouvé une âme sœur en Micah, un autre martinet noir. Dès le premier regard, les deux oiseaux se sont précipités l’un vers l’autre et depuis, ils ne se quittent plus. Quelle joie pour Masya de retrouver des congénères ! Un autre miracle s’est produit dans la vie de la petite Ukrainienne. Lors de ses premières séances de rééducation, nous n’étions pas très optimistes. Elle avait des problèmes au niveau du poignet, son vol en était affecté, et elle levait son aile gauche avec peine. Le croirez-vous ? Après une bonne semaine de séances, plus rien de tout cela, pour ainsi dire! Masya poursuit tout de même sa rééducation quotidienne, elle aime étendre ses ailes et prendre de la vitesse. L’étape suivante, c’est la greffe de plumes.
Kepwi fait également partie de ces oiseaux surprises qui nous ont été signalés au détour d’un mail. Il est l’un de ces innombrables martinets au plumage abîmé. Découvert en août 2022 à Schweidnitz, en Basse-Silésie, il fut pris en charge avec amour par une jeune femme qui lui prodigua les soins que son espèce requiert. L’état de son plumage ne s’étant pas amélioré au bout de six mois, la vétérinaire qui l’a vu a conseillé à sa découvreuse de le transférer à Francfort. Kepwi est arrivé chez nous mi-mars. Il est extrêmement affectueux avec les humains, mais se réjouit d’avoir retrouvé des congénères. Le jeune Polonais occupe une « coloc’ » internationale qui abrite également Hatti, le Roumain et les Allemands Freya, originaire de Hambourg et Loki, originaire de Luckenwalde. Ces quatre-là forment une sacrée bande.
Les martinets vont bientôt rejoindre nos contrées et égayer notre ciel de leurs appels sonores et de leurs acrobaties aériennes, nous donnant un avant-goût d’été. Les premiers martinets alpins ont déjà été aperçus dans le Sud de l’Allemagne ! Nous espérons que plusieurs de nos patients auront pu être relâchés quand le gros des effectifs sera revenu d’Afrique. Nos pensionnaires adultes entament la dernière phase de leur mue et devraient pouvoir être relâchés au bon moment, à savoir juste à temps pour retrouver leur partenaire sur le site de nidification.
C’est aussi à vous que chaque oiseau relâché doit sa liberté! Votre adhésion, vos dons, votre indulgence lorsque nous tardons à vous répondre, en un mot, votre soutien nous aident à les aider. L’installation de sites de nidification, l’information et la pédagogie, l’observation sont autant d’actions qui apportent une aide directe et concrète aux martinets. Ensemble, continuons dans cette voie-là !
Nous vous souhaitons de belles fêtes de Pâques!
Dr Christiane Haupt et l’équipe de la clinique des martinets de Francfort